Lettre ouverte au Roi Albert II de Belgique

Sire, voilà que nous comptons parmi nous un Belge, qui s'appelle Laurent H., tout comme votre fils, et voici ce qui lui est arrivé. Nous avons failli le perdre.

Tout d'abord, permettez-nous de vous le présenter sommairement. Laurent a terminé une carrière en tant que journaliste engagé des TIC et non des TEC, c'est-à-dire des technologies intelligentes et communicatives, à titre d'habitant de la jolie ville de Halle. Je l'écris ici en pleines lettres, pour que ce mot puisse être mieux scindé, alors que les Francophones ont tendance à écrire Hal. Mais vous connaissez ce problème mieux que quiconque.

Arrivé à la retraite, Laurent trouva son bonheur (voir ici) à huit kilomètres (8 km) plus loin et il émigra, puisqu'en parcourant cette distance, il traversait la frontière linguistique. Nous allons apprendre maintenant qu'il ne s'agit pas d'une erreur sociologique mais d'une sorte de protection. Il émigra donc du Nord au Sud de Votre royaume.

À un moment donné, après avoir effectué la navette entre le Nord et le Sud, il prit pied et racine au Sud et voulut officialiser sa décision. Il faut dans ce cas effectuer l'opération "changement de domicile", dont tout le monde connaît la procédure. L'élément clé dans cette procédure est l'agent du quartier, cet élément de la police qui incarne la proximité. En effet, il est supposé visiter le nouvel habitant, établissant ensuite un rapport à présenter à l'administration communale. Laurent attendait la visite dudit agent du quartier. Les semaines passaient, voire les mois et Laurent évoluait vers le statut d'apatride.

S'il avait coupé tous les liens avec le Nord, Laurent serait apatride carrément et nous l'aurons perdu. Le seul lien, en effet, qu'il gardait, s'appelle De Standaard, meer dan ooit: niet toevallig de Standaard. Allons voir. Il achète ce quotidien chaque jour au village du sud où il réside, enfin. Pourquoi de Standaard? C'est le seul canard en Néerlandais qu'il y trouve. Et voilà qu'un beau matin, il y rencontra ledit agent dudit quartier, déjà en train de boire une bière du groupe InBev. Il apprit ainsi que la procédure avait été close, sans suite et sans doute parce qu'il venait du Nord. Un agent public nommé de la sorte, ne peut être que le fruit d'une nomination politique, Sire.

Inutile de décrire la couleur que prit alors la figure de Laurent. Celle de l'agent, par contre, palissait. En insistant, insultant et menaçant, Laurent a réussi à remettre la procédure en route au niveau communal. Il a retrouvé le même agent du quartier pratiquement au même endroit qu'il l'a activé à effectuer sa mission. Notez bien, Sire, que pour effectuer ladite mission, monsieur l'agent ne devait pas se déplacer à pieds à une distance de 3 kilomètres, ni parcourir cette distance en vélo. Non, une petite Citroën C2, à peu près comme Votre Fiat, Sire, aussi neuve, d'ailleurs, lui servit de véhicule. Qu'il alluma du coup, je veux dire démarra. Laurent démarra sa vieille Polo et poursuivit à grands risques l'agent qui arriva au domicile que Laurent avait élu.

Ensuite, la procédure a connu son cours normal. Convoqué à la maison communale, la dame au comptoir l'invita à remettre sa carte d'identité, qui est, comme Vous le savez, Sire, électronique. C'est pourquoi la même dame demanda à Laurent de lui donner son code pin. Ce que Laurent refusa catégoriquement. Madame de la commune insista toutefois lourdement et Laurent céda, transmit son code pin oralement, que madame la commune saisit mal, à deux reprises. De quoi passer outre cet incident d'un autre agent public visiblement pas à sa place et fort probablement pistonné, Sire, probablement par le parti de ce monsieur qui Vous a rendu visite ces derniers temps.

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