Petit pays, petit esprit
Mon grand-père s’appelait Henri. Ma mère a porté son nom jusqu’au jour où elle épousa mon père. Il est mort depuis longtemps. Pour savoir quand, je devrais aller voir sa tombe. J’étais étudiant à l’université quand il mourut à l’âge de 76 ans. Les années 1970. J’avais hérité de son vélo. Il n’avait pas de voiture. Ni de télé. J’ai également hérité de son chapeau, que je porte encore, mais de moins en moins. Il était Français, habitant en Belgique, à un kilomètre de la France, où, en vélo, il allait travailler et voter, ayant gardé la nationalité française. Ses passions étaient les fleurs et les légumes, le jeu de cartes et le vin rouge. Français, bien sûr, le vin. Souvent, lorsqu’en Belgique, pour la 10ième fois au moins, un gouvernement tombait sur une question linguistique, il répétait : ‘petit pays, petit esprit’. La France, en effet, avait étouffé les petites langues au Pays basque et en Bretagne. Mais en Belgique, une petite langue, le Français, voulait dominer une autre langue...