Violence métaphorique ou comment violer le lecteur par imagination

On a fait quelque chose au nez du roi Albert II. Lui-a-t-on fait passer quelque chose sous le nez? Ou l'a-t-on fait marcher? En tout cas, il se repose.

Savez-vous qu'il s'agit d'un sens figuré? Car en effet, comme vous le savez certainement, le roi a subi une opération au nez.

En tout cas, il y a lieu, capital, de souligner que le sens figuré existe bel et bien. En grec, cela s'appelle métaphore. La relation entre le signifiant et le signifié n'est pas directe mais indirecte, passant par l'imagination. Il ne faut la prendre à la lettre.

L'éducation dite contemporaine, qui n'est plus moderne, ne fait plus la différence. Entre la lettre et le figuré. À l'école, peut-être mais encore, on peut la trouver. Ailleurs, la confusion règne. Les journalistes, de sport d'abord, en abusent. Les champions de l'abus, toutefois, sont les consultants. Ils font des figures qui sèment à grande poignée la confusion. Ah, s'ils pouvaient se convertir au confucianisme.

Ceci à titre d'introduction.

L'essentiel, c'est que pour écouter les conneries consultantes, il faut payer; c'est le prix de notre société de connaissance. Je ne parle pas des pauvres 150 euros que reçoit le vrai expert de la métaphore, le poète, expliquant les dichotomies et autres formes poétiques. Non, l'arnaqueur qui vient supprimer la différence entre la lettre et le figuré, demande 800 euros, sans TVA et sans frais de déplacement. Ces derniers ne sont pas mal, parce que l'arnaqueur préfère se déplacer en Audi A6 et dédaigne l'A4. Lorsqu'ils trouvent, ainsi que leur comptable, qu'ils ont arnaqué assez de monde, ils choisissent une Jaguar ou une Audi A8. Il n'est pas exclu que de la sorte, le nombre de victimes augmente.

Et voilà qu'il arrive, une rare fois, c'est elle, portant un ordinateur portable. Voilà qui, contre le mur voire contre vos propres tentures, commence à projeter des diapositives. Ainsi, vous pouvez lire le message suivant:

Je vous fournis une boîte à outils complète.

Il va de soi que vous ne lisez pas son message en français; non, l'arnaqueur utilise une langue plutôt barbare pour mieux vous arnaquer. Toolbox, si pas toolkit. Il ne faut surtout pas lui demander de compléter la phrase "to be or not to be", il n'ajoutera jamais plus que 'that is the question', n'ayant jamais vu le double point qui suit le mot 'question', n'ayant jamais lu la question, quoi; il ne faut surtout pas lui soumettre un poème du même William – appelle-moi Bill – Shakespaere. Tout juste s'il sait comment tenir la feuille. En moyenne, le consultant est un analphabète secondaire mais pas sans but lucratif.

En effet, il ne vous permet pas de comprendre ni de vous demander pourquoi vous payerez la somme exorbitante de 800 euros pour une simple boîte à outils. L'arnaqueur essaie de reporter cette question après que vous ayez payé la facture. Il fait de la sorte que vous vous posez cette question quand il est trop tard. Et lorsque vous aurez payé, vous remarquerez également, et aussi trop tard, que la boîte est vide. À vous de développer les outils. Je ne vous ai jamais promis une roseraie.

Après la poudre aux jeux, vient le couteau dans les plaies. C'est exactement dans les plaies que l'arnaqueur vous a créées, qu'il est prêt à tourner le couteau, à titre de service après vente, moyennant un montant supplémentaire mais menu.

Comment est-ce possible de se faire arnaquer à ce point? Parce que vous n'arrivez pas à protester. Parce que vous pensez que ce consultant vaut son prix. Parce qu'il vous manque d'équipement adéquat au bas-ventre permettant d'allumer dans votre chef une lumière assez forte pour démasquer l'imposteur. Ce qui vous permettrait de ne pas devoir payer sa facture.

Ceci à titre de chapitre 1.

Si vous continuez, j'ajouterai peut-être un chapitre 2.

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