Un match inégal à 1 – 1

Les règles du jeu sont supposées être connues, les mêmes partout, disons: universelles. C'est le foot, voetbal, quoi. Ou encore le tennis, voire le basket. Il y a des places (de la victoire, par exemple) où les joueurs, réduits au statut de spectateur, exigent l'application des règles. À d'autres places, les jeux sont faits. Ici, le jeu se défait.

Les deux équipes qui avaient obtenu par suffrage universel leur place dans la finale, se rencontraient d'abord hors stade. Ils voulaient se mettre d'accord sur l'arbitre. Ensuite, ils voulaient un accord sur le score. La tradition était que l'une équipe sortait toujours gagnante, la perte de l'autre étant compensée par le fait qu'elle avait rassemblé le plus grand nombre de supporters, payant leur ticket, évidemment. Toutefois, les recettes de la vente des tickets était distribuée de telle sorte que l'équipe gagnante mettait plus que la moitié en poche.

À un moment donné, le prix du ticket devint l'objet de la discussion et l'une équipe bouda du coup. L'autre équipe l'avait abordé; or, cette question étant inabordable depuis la création de la compétition, il allait de soi qu'un arbitre devrait intervenir.

Les jours passaient, il pleuvait des déclarations devant les micros et sur le livre des belles gueules. Des groupes sociaux pour et contre, voire sans opinion, étaient formées. Mais pour trouver un arbitre, il fallait attendre des mois. En tout cas, les deux équipes ne se réunissaient plus. On voyait défiler des agents spéciaux et royaux qui tâtaient le terrain, à la recherche d'une confiance qu'on croyait perdue.

Une seule chose était claire: l'équipe qui avait l'habitude de gagner, et rentrait semi-perdante, se disait: offensée, humiliée. L'équipe qui était supposée perdre, ne voulant plus perdre, avait même eu le toupet de proposer un règlement des tickets plus équitable. Ô, l'humiliation!

Les supporters finissaient par se rassembler un beau dimanche, réclament que le match soit joué. Rien ne se faisait. Un arbitre, royal et d'envergure, en peine privée, rendait visite à domicile, tel un médecin de famille, des équipes. Après deux semaines, il rédigea un rapport qui lui permettait d'aller plus loin. Il allait plus loin en rédigeant, ensuite, une note qui devrait constituer la base de nouvelles rencontres, négociations et, éventuellement, d'un match. Rien ne fut accepté.

Les supporters, du coup, fêtaient la défaite des négociations, la période de non-jeu ayant dépassé celle notée au livre des records Guinness.

Toutefois, en attendant Godot, les matchs des classes inférieures ont lieu, les jeux continuent à des niveaux inférieurs. Ici, l'équité étant garantie entre les résultats et les recettes, respectivement sportifs et financières, personne ne trouve nécessaire de se rassembler pour boire une bière et manger un paquet de frites. Au contraire, ils mangent des moules aux frites à l'ombre des stades.

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